L’ADEME a présenté le 25 novembre 2021, les résultats de trois études sur le vrac, issues d’un travail concernant les impacts environnementaux, sanitaires et économiques du vrac.

Réseau Vrac a été associée à ces travaux en faisant partie du Comité de Pilotage de deux des trois études - études environnementales et sanitaires - aux côtés d’autres organisations comme Zero Waste France, le CNE (Conseil National de l’Emballage), Citeo, Perifem ou encore l’Ilec.

Les résultats des études corroborent avec les observations de Réseau Vrac depuis 2016 et qui ont d’ailleurs motivé la création et les missions de Réseau Vrac à savoir : structurer, professionnaliser et développer la vente en vrac existante pour offrir une alternative durable au tout jetable.

En voici une synthèse :

1. Volet environnemental : « Panorama et évaluation environnementale du vrac en France »

Entre novembre 2019 et novembre 2021 une étude Analyse Cycle de Vie comparant le vrac au préemballé a été réalisée par l’ADEME. Réseau Vrac a été intégrée au comité de pilotage. Une première phase du projet a consisté à faire un état des lieux du marché et des pratiques des acteurs, pour se concentrer ensuite pleinement sur l’analyse du cycle de vie (ACV) du vrac en comparaison au préemballé.

Au total, ce sont 10 scenarios qui ont été étudiés à travers différents produits (exemples : amandes, riz, gel douche, biscuits, etc.), modalités de vente (bidon plastique 20L vs bidon plastique 1,8L, poche 10L vs bouteille en verre 75cl, sac en plastique de 20kg vs sachet plastique 500g, etc.) et pratiques consommateurs (sachet kraft, sachet coton, bouteille en verre, etc.). À noter que les scenarios étudient des pratiques de distribution et non des circuits d’achat (grandes et moyennes surface, magasins spécialisés bio, ou magasins spécialisés vrac). Il s’agit d’un choix de l’ADEME de ne pas distinguer les acteurs ; il n’est donc pas étonnant de retrouver dans certains scenarios des pratiques non existantes en commerce vrac (par exemple des conditionnements de 2,5kg pour le riz).

Un bilan globalement positif pour le vrac :

De manière générale, les conclusions de cette étude sont positives sur les impacts du vrac, et ce dans la majorité des scenarios étudiés. Ceux étudiant le vrac liquide, valorisent particulièrement le mode de distribution en vrac (huiles, vinaigres, savons liquides, etc.). Dans le scenario 6 sur l’huile d’olive, le système vrac permet par exemple de réduire par 16 la quantité d’emballages produite. Les résultats sur le vrac sec sont un peu plus mitigés et dépendent fortement des pratiques appliquées par les professionnels de la filière, à tous niveaux de la chaîne de valeur, ainsi que des pratiques consommateurs. Les pertes produits induites par une mauvaise gestion du rayon vrac dans certains points de vente et la mauvaise adaptation des emballages amont face à la quantité de produit (plus le conditionnement vrac est important, plus l’impact est faible) sont des facteurs pouvant expliquer que l’impact environnemental positif du vrac ne soit pas saillant sur certains scenarios. De manière générale, le vrac démontre sa pertinence dès lors que le produit est lourdement préemballé comme des biscuits individuels sur-emballés dans du plastique puis du carton, des bouteilles en verre, ou des flacons de savon liquide, etc. et sans surprise, plus un contenant consommateur est réutilisé dans le temps, meilleur est l’impact du vrac par rapport au scénario préemballé.

Ce volet de l’étude se termine par des recommandations de l’ADEME qui réaffirme la pertinence et le potentiel du vrac en comparaison à un système préemballé sous certaines conditions. Ces dernières correspondent aux bonnes pratiques recommandées par Réseau Vrac depuis ses débuts et qui sont majoritairement appliquées par les commerçants spécialisés vrac et fournisseurs adhérents. On retrouve notamment l’importance de proposer des conditionnements amont et des équipements de vente en vrac permettant de réduire les pertes en magasin, d’utiliser des emballages amont réemployables, d’avoir un personnel dédié dans le rayon pour le gérer, l’entretenir et accompagner le consommateur, ou encore, côté consommateur, d’utiliser des contenants réutilisables ou réemployables plutôt que des sachets kraft.

2. Volet sanitaire : « Analyse et recommandations liées aux risques sanitaires de la distribution en vrac en France »

L’ADEME s’est également penchée sur les risques de la distribution en vrac pour la santé, la sécurité au travail et la sécurité sanitaire pour les consommateurs. Cette étude passe en revue l’ensemble des exigences réglementaires relatives à ce volet.

En synthèse, les recommandations de l’ADEME liées aux risques sanitaires de la vente en vrac valident les Bonnes pratiques d’Hygiène recommandées par Réseau Vrac depuis 5 ans telles que :
• L’entretien fréquent et enregistré des équipements de vente (si possible à chaque changement de lot) ;
• Un étiquetage qui va au-delà des seules mentions obligatoires comme notamment le numéro de lot ou la date de consommation ;
• L’affichage des allergènes présents dans l’ensemble du rayon  ;
• Ou encore l’obligation pour les distributeurs de suivre une formation HACCP spécifique à la vente en vrac de produits alimentaires et de non alimentaires.

Ces Bonnes Pratiques d’Hygiène sont condensées dans un Guide des Bonnes Pratiques d’Hygiène (GBPH) de la vente en vrac fourni aux adhérents de l’association, qui suivent la formation HACCP vrac de Réseau Vrac.

3. Volet prix : « Analyse comparative des prix de produits vendus en vrac VS préemballés »

Pour le dernier volet de son étude, l’ADEME s’est appuyée sur l’Institut National de la Consommation (INC) pour comparer les prix du vrac et du préemballé afin d’apporter des éléments de compréhension sur les différences éventuelles.

Périmètre de l’étude :

Les relevés de prix ont concerné 3 types de magasins : des hypermarchés et supermarchés, des magasins spécialisés bio (MSB) et des magasins spécialisés vrac (MSV). 8 produits emblématiques de la vente en vrac ont été étudiés : les amandes, les lentilles, le sucre, le riz, l’huile d’olive, le vinaigre, la lessive et le savon liquide.

Les facteurs de formation des prix du vrac :

Le rapport commence avec un certain nombre de facteurs pouvant expliquer la formation des prix du vrac ainsi que les écarts de prix avec le préemballé (conclusions issues d’entretiens avec différents professionnels de la filière) :
Les fournisseurs qui font produire, ou produisent eux même leurs marques, ont confirmé que le coût de l’emballage est moins élevé pour de plus grands emballages destinés au vrac. Le coût de l’emballage est d’autant plus élevé pour des produits conditionnés vendus en petite quantité, avec des packaging premium - en verre par exemple. Cette affirmation est moins évidente en revanche pour les professionnels dont toute la chaîne de distribution est organisée autour du préemballé et qui n’ont pas la logistique adaptée pour traiter des emballages plus volumineux.
• Le coût de la main d’œuvre que nécessite l’entretien d’un rayon vrac n’est que peu répercutée sur le prix. Les magasins font souvent le choix de ne pas intégrer les coûts du vrac dans leur prix de vente, pour coller à l’intuition des consommateurs selon laquelle le vrac devrait être moins cher en raison de l’absence d’emballage.
• Les produits en vrac sont souvent de meilleure qualité dans les commerces vrac, donc difficilement comparables quand bien même avec des produits similaires ; les commerçants vrac valorisent souvent auprès de leur clientèle l’attention portée à la sélection de leurs fournisseurs.
• Le coût au m2 : le nombre de références proposées dans un linéaire est plus faible en vrac qu’en préemballé. Le coût des équipements (investissement, entretien et maintenance) est également plus élevé en vrac qu’en préemballé.
Pour la grande distribution, il est plus simple de réaliser des économies d’échelle et d’être plus compétitif sur les prix du vrac, du fait des plus grands volumes qu’elle engendre.

A la suite des relevés de prix, le rapport d’étude met en avant que les produits bio vendus en vrac sont globalement moins chers que les mêmes produits bio vendus en préemballé (écarts allant de -4 à -22%). Cette différence peut s’expliquer par l’inclination des professionnels du bio à s’aligner sur la perception du consommateur (le vrac devrait être moins cher car il n’y a pas d’emballage), en absorbant les coûts additionnels comme la main d’œuvre par exemple, ou bien en réduisant leur marge.

Le rapport conclut que dans tous les cas, le vrac a l’avantage de permettre le choix de la juste quantité et donc d’offrir au consommateur la possibilité de maîtriser de son budget.

A lire ensuite